« Notre corps est façonné par le mouvement. Comme pour les paysages et les reliefs, il est la résultante de mouvements internes et externes qui, en se combinant, créent notre Unicité structurelle et expressive ». Geneviève DUSSAULT
Notre intelligence corporelle est au cœur même de la façon dont nous exprimons notre identité, notre rapport aux autres, notre rapport au monde.
Ayant pratiqué le beau métier de psychomotricienne pendant 25 ans, j’ai une vraie conscience de l’importance de la place du corps dans la relation à soi-même et à l’autre.
En tant que coach, la connexion à notre corps participe à notre alignement, notre qualité de présence, notre authenticité, l’écoute de nos ressentis et de nos émotions. S’enraciner dans notre corps nous permet d’être connecté à notre profondeur. Notre mise en jeu corporelle et son expressivité reflètent notre état d’être lors de nos interventions.
Les pratiques corporelles font partie de mon approche du « faire ensemble ». Elles favorisent un lâcher-prise qui permet à chacun d’être dans une meilleure présence et concentration. Elles nous invitent à être plus disponibles pendant les séquences de création en groupe. Elles améliorent l’empathie et les liens relationnels. Elles facilitent la réduction du stress par rapport à nos vies professionnelles agitées.
Pendant mes séminaires, je propose des temps d’ancrage corporel, de ressourcement, ainsi que des moments ludiques de mise en jeu du corps dans la relation à l’autre afin de renforcer la cohésion d’équipe. Le plaisir dans ces moments de jeux corporels facilite l’implication et un partage positif qui assure un meilleur engagement du groupe dans les activités proposées.
La connexion au corps est un point d’accès au niveau systémique qui permet d’observer une situation sociale sous de nouveaux angles de vue et d’en voir émerger des perspectives inattendues. Ma formation à la théorie U[1] m’a montré que l’intelligence corporelle, individuelle et collective, était un outil puissant de transformation des personnes, des équipes et des organisations. Introduire cette dimension corporelle est une ressource pour laisser émerger la puissance co-créative du groupe. Il y a dans ces processus un vrai potentiel pour libérer l’énergie du changement.
J’ai pu expérimenter les méthodes du « cercle de coaching » et du « Social Presencing Theater » dans des groupes de managers et de professionnels de terrain. La mise en jeu du corps et l’écoute des émotions apportent des ressources pour transformer des blocages en énergie. Ces temps de pratiques corporelles revitalisent le groupe et invitent chacun à être plus présent.
Dans mon animation de séminaires, j’improvise souvent le moment auquel je décide d’introduire une séquence corporelle. C’est en étant à l’écoute de la dynamique du groupe que je ressens le besoin de proposer un moment de réveil corporel, de recentrage ou des jeux de dialogue tonique qui permettent de s’accorder, de rire et de créer ensemble.
Bien que ces pratiques soient inhabituelles dans le monde du travail et dans les relations professionnelles, je suis intimement persuadée que si le coach incarne ce qu’il propose, son approche est facilement acceptée et bien vécue par les participants.
L’approche non-verbale autorise chaque membre du collectif à prendre sa place différemment. Cela change la donne pour les personnes qui ont une grande facilité oratoire. Il est important de laisser à chacun sa propre liberté d’expression et sa capacité d’investissement dans ces séquences. L’objectif n’est pas d’accéder à une aisance corporelle mais de se saisir, ou pas, de l’opportunité de se rediriger vers soi pour une meilleure écoute de ses ressentis et pour améliorer son empathie.
Les séquences de créativité mettant en jeu l’expression corporelle instaurent une relation équitable et plus fluide entre les managers et les membres de leur équipe. C’est une belle opportunité pour s’accorder dans une recherche d’énergie commune. J’ai eu des retours de personnes qui ont témoigné d’une amélioration de la relation entre la hiérarchie et ses collaborateurs.
Bien sûr, il ne s’agit pas de se faire « des papouilles », le toucher pourrait mettre mal à l’aise vu qu’il n’est pas dans les habitudes professionnelles. Beaucoup de jeux peuvent se réaliser en gardant une certaine distance.
Pour des exercices en duo :
Et j’ai encore beaucoup d’autres cordes à mon arc !
Article écrit par Cathy Bonnaud – Coach d’équipe et facilitatrice en intelligence collective
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[1] Théorie U de Otto Scharmer, enseignant chercheur au M.I.T., auteur du livre « La Théorie U, renouveler le leadership : inventer collectivement de nouveaux futurs ».